Savez-vous dire « non » ? 13 mai 2013
Dans la vie professionnelle, vous êtes parfois sollicité par votre patron qui veut nous confier une nouvelle mission, ou bien par vos collègues qui vous demandent un service, un coup de main. Et ces demandes se multiplient de façon inquiétante…
Or il ne vous est pas possible de tout accepter. Vous devez parfois refuser des demandes. Mais il ne vous est pas toujours facile de dire « non » de manière diplomatique.
Voici quelques pistes pour être plus à l’aise avec cette démarche.
1. Pourquoi a-t-on du mal à dire non ?
– Parce qu’on nous a appris dès tout petit à ne pas dire non (au moment de la crise du non autour de 3 ans, à l’adolescence, etc.). C’est considéré comme impoli de dire non.
– Parce qu’on confond souvent le non à une demande et le non à la personne qui formule cette demande et qu’on a peur de déplaire, de ne plus être aimé, apprécié, considéré. Voire peur d’être puni.
– Parce qu’on a le syndrôme de toute-puissance (si on me le demande, c’est que je peux/je dois le faire).
– Parce qu’on a peur de passer à côté d’une opportunité, d’une chance.
– Parce que nous faisons souvent :
. Ce que d’autres nous imposent avant ce que nous avons choisi,
. Ce qui provient d’interruptions d’autrui avant nos propres priorités,
. Ce qui se présente avant ce qui est important.
Bref, pas mal de peurs et de programmation initiale, qui nous conduisent à ne pas savoir dire non, presque de façon instinctive. Sans réflexion préalable.
2. Comment faire sauter les verrous qui vous empêchent de dire non ?
– Vous n’êtes pas des lampes électriques : on n’attend pas de vous une réponse instantanée, comme lorsqu’on appuie sur un bouton.
Donc, lorsque vous êtes sur le point d’accepter une demande, réfléchissez pour savoir si elle fait bien partie de vos missions.
Ne vous engagez pas dans une action tête baissée juste parce qu’on vous le demande, ou parce qu’il n’y a personne d’autre pour le faire.
Avant de dire oui ou non, demandez pour quoi, pour quand, pourquoi moi ?
Prenez le temps de réfléchir à la demande, ce qu’elle entraîne si vous acceptez. Et pour savoir si vous pourrez y faire face, honnêtement (ai-je la compétence, l’appétence, le temps…?).
Envisagez les éventuelles conséquences (si j’accepte B, je risque de prendre du retard sur A. Qu’est-ce qui est le plus important pour moi/mon entreprise/mon patron ?)
– Quand on vous dit : « Es-tu libre ? » ou « Aurais-tu un moment à me consacrer ? » c’est peut-être une demande piégée où vous risquez de finir en victime. Demandez toujours des précisions avant d’accepter.
– Dissociez bien la demande et la personne qui fait cette demande. Ne dites pas oui pour faire plaisir ou pour éviter un déplaisir. Ne dites pas oui aux personnes que vous aimez bien (ou dont vous voudriez qu’elles vous aiment bien) et non aux personnes que vous n’appréciez pas.
– Sachez refuser une demande sans agressivité ni timidité. Utilisez une attitude assertive : « j’ai réfléchi à ta demande et te remercie d’avoir pensé à moi. Toutefois, avec le projet A qui me prend déjà beaucoup, je ne pourrais pas être efficace sur le projet B. Je préfère décliner« .
Gardez un visage franc et ouvert. Le « non » ne remet pas en cause vos relations avec l’interlocuteur. Sachez dire non sans froisser l’autre, car vous êtes le premier responsable de votre temps et de vos priorités.
Veillez à ne pas vous justifier, cela rendrait votre décision suspecte. Néammoins, vous pouvez expliquer votre refus avec assurance en défendant vos décisions, tout en respectant celles des autres.
– Utilisez les différentes façons socialement acceptables de dire « non » :
. « Pas moi » (renvoyer vers un autre collaborateur, un sous-traitant, un ordinateur, une équipe…)
. « Pas tout ça » (n’accepter qu’une partie, un élément, un chapitre…)
. « Pas maintenant » (plus tard, demain, la semaine prochaine…)
. L’acceptation conditionnelle : « Oui si… (si on me décharge de ceci, si on retarde cela, si on m’octroie tels moyens matériels ou humains supplémentaires, si on m’offre une formation…) ». Ce peut être une excellente occasion d’obtenir des choses que vous réclamez ou dont vous avez envie depuis longtemps sans le dire.
– Acceptez que les autres vous disent « non ». Eux aussi doivent gérer leurs priorités.
3. En disant non, est-ce que l’on prend automatiquement le risque de dégrader la relation avec son manager ?
Non, pas automatiquement. Les points développés ci-dessus donnent des pistes de solution. Mais tout dépend de la personnalité et de la relation avec votre patron.
S’il prend votre « non » comme un affront personnel, c’est dangereux : attention à ne pas entrer dans le cycle vicieux du triangle dramatique victime-bourreau-sauveteur.
Si au contraire, il comprend et accepte votre refus, il vous considèrera et vous respectera bien mieux.
Mais ne dites pas systématiquement non à toute demande, cela vous décrédibiliserait.
À vous de jouer, maintenant !
Yves de Montbron
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Comment vous y prenez-vous pour dire « non » ?
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui ne savent pas dire « non » ? ?
Vous pouvez réagir en laissant en commentaire.
7 réponses
Philip ANDERSON écrit :
Bonjour,
J’ai été responsable d’un service formation pendant 15 ans avant de m’installer à mon compte en 2002. Pendant ma période de salarié, mon assistante (une perle) savait dire « non » nous permettant de maîtriser le fonctionnement du service, reconnu pour sa qualité des services (certifié ISO). Cela m’a permis de dire « oui » aux diverses sollicitations grâce à l’organisation de mon assistante (une perle je vous dis). C’est ainsi que cela m’a permis de trier « l’urgent de l’important » et de prioriser des demandes vraiment utiles et intéressants nous permettant d’apporter une valeur ajoutée. Nous étions appréciés pour la qualité de notre écoute, notre (relative) disponibilité. Une heureuse époque. Aujourd’hui à mon compte, je m’oblige à dire « non » (à contre-coeur) ne bénéficiant plus du même confort d’une grande entreprise. Mon ex-assistante s’est installée à son compte également (dans l’e-learning) et se développe très bien grâce à son organisation hors pair. Messieurs les cadres salariés, appréciez votre assistante (si vous en avez une) ! Je suis d’accord avec vos recommandations. On peut rester positif en disant non. Question de savoir-vivre (politesse) et de savoir-être (comportement). Bonne continuation !
Yves de Montbron écrit :
Merci Philip pour ce témoignage positif !
Yves de Montbron
Alain Dogniaux écrit :
Beau et utile synthèse du comportement assertif et de ses bienfaits.
J’ai pu tout au long de ma carrière en apprécier le pertinence, et ceci dans des contextes culturels très différents (Europe, Chine, Japon).
Merci Yves. 😉
Annie écrit :
Merci Yves pour cet article… apprendre à dire NON est tout à fait possible. Il suffit généralement de se dire OUI à soi…oui à ses besoins, ses envies, ses désirs; cela demande souvent un travail sur soi, ses croyances, ses programmations… j’ai le bonheur d’animer un atelier qui va dans ce sens
belle journée
Annie
Yves de Montbron écrit :
Merci Annie.
Je vous souhaite beaucoup de réussite pour votre atelier.
Belle journée à vous aussi.
madabizna écrit :
Il y un dicton de Steve Jobs qui m’a personnellement touché « Il faut oser ou se résigner à tout ». Soit vous dites oui et vous respecter votre dit, soit vous dites non et vous en assumez les conséquences.
Il y une carte qui ne perd jamais quand on fait une analyse, la LOGIQUE. Si après une analyse logique vous en concluez que la demande de votre supérieur hiérarchique est infaisable, vous n’allez pas encore dire oui 🙄 Vous lui exposez tout simplement votre analyse (le pourquoi du non) et voilà. Ainsi non seulement vous avez su dire non mais vous gagnez en crédibilité en exposant une analyse logique auprès de votre Boss. Ce qui fait de vous un élément vital pour l’entreprise, ➡ Logique,
Etude Marketing, faisabilité, création entreprise… la LOGIQUE est la carte qui ne perd jamais. Donc dites non si logiquement la demande est irréalisable et appuyez par des analyses logiques.
Yves de Montbron écrit :
Merci pour ce commentaire plein de bon sens et d’efficacité.
Si l’être humain était seulement rationnel et logique, tout serait bien plus simple (et sans doute bien triste). Mais nous sommes avant tout des êtres de croyances et d’émotion. Alors, il faut faire avec…
Bien amicalement,
Yves de Montbron