Le prix du manager de l’année 25 mars 2012
Le prix du manager de l’année décerné par « Le Nouvel Économiste » à Xavier Fontanet, président d’Essilor.
Xavier Fontanet : “Je ne m’attendais pas à recevoir ce prix qui consacre mon travail sur les marchés mondiaux depuis 40 ans.
Trois choses me paraissent essentielles.
Primo, la mondialisation est quelque chose d’extraordinaire. Quand on s’y est pris longtemps à l’avance, c’est une aventure magnifique, je remercie le ciel de m’avoir permis de la vivre à Essilor.
Deuxio, cela veut dire que les Français sont très doués donc il ne faut pas avoir peur.
Tertio, avec les Français, tout marche à la confiance. La France, aujourd’hui, ne représente plus que 4 % du marché mondial. Si on arrive à mondialiser l’entreprise, on multiplie automatiquement son activité par trois. Vous pouvez tripler les parts de marché, car il ne faut pas oublier que l’économie mondiale croît aujourd’hui, de 4,5 – 5 %, donc il n’y a pas de raison de ne pas avoir le moral. Cela explique comment l’entreprise Essilor en 37 ans a vu son chiffre d’affaires multiplié par 200.
Quand vous sortez d’un pays, vous tombez sur des problèmes de clients différents. Par exemple, les Chinois ont des yeux étroits. Donc il faut des verres différents de ceux des Occidentaux. Ainsi, l’économie mondiale propose constamment de nouveaux challenges. Ce qui tire vers le haut. On connaît aussi nos concurrents. La concurrence, cet autre nom qu’il faut donner à la liberté. On a tort de diaboliser la concurrence en disant “c’est la loi du plus fort”, ce n’est pas vrai, tant qu’il y a de la concurrence, tout le monde grandit.
La Chine fait peur. Non seulement c’est de la difficulté mais c’est des amis.
Grâce à la Chine, on se rend compte que l’on n’est pas au bon endroit, qu’on n’a pas la même culture, pas les mêmes parents, ni la même religion, finalement on travaille et on se rend compte à quel point on est différent.
Donc la mondialisation, c’est rendre les gens proches les uns des autres. Dans notre entreprise, on a réussi à faire des lunettes rentables pour 5 $ en Inde, on a embauché des paysans qui avaient 1 $ par jour pour vivre, on les a formés en opticiens et ils ont réussi à faire des lunettes pas chères du tout, mais rentables.
Il faut lutter contre les idées fausses sur cette mondialisation qui tuerait les gens.
Dernière chose, les salariés d’Essilor sont des gens de terrain, qui s’occupent de tous les Français.
Les talents français sont le fait de gens très, très différents. Le Français est désobéissant, cela veut dire qu’il a de l’initiative et un sens critique très utile dans l’entreprise.
Talentueux, ingérables, les Français marchent à la confiance. De trois façons : la confiance en soi, bien sûr pour réussir dans cet univers mondial, sans être arrogant, la fin de tout, il faut rester humble, mais avoir une confiance modeste.
Confiance en l’autre. Dans une entreprise, il faut être capable de travailler en équipe. Ce n’est pas donné à tout le monde.
Tertio, faire confiance au système.
Bref, la responsabilité du vrai dirigeant, ce n’est pas seulement de construire une stratégie, c’est aussi d’être capable de s’assurer que les gens ont confiance en eux, qu’ils se font confiance les uns les autres, et suivent une bonne stratégie. Voilà ma recette.
Nous sommes dans une période où l’ambiance n’est pas très bonne. On s’intéresse aux mauvaises nouvelles. Le train qui arrive à l’heure, le beau blé qui pousse n’intéressent pas, alors que c’est aussi important de parler des choses qui marchent ”
Par Patrick Arnoux
http://www.lenouveleconomiste.fr/prix-du-manager-de-lannee-le-retour-a-lessentiel-13253/
Et vous, qu’en pensez-vous ?
La mondialisation est-elle un atout ou une menace ?
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